En 1066, Guillaume le Conquérant distribue la moitié des terres anglaises conquises à ses barons normands. En 1886, la France offre la Statue de la Liberté aux États-Unis. En 1970, Pablo Picasso donne 203 peintures à l’État français. En 2025, l’événement caritatif ZEVENT lève plus de 10 millions d’euros de dons pour des associations. De tout temps, l’Homme a fait des dons. Qu’ils soient désintéressés ou calculés, ils ne représentent pas une somme d’argent, mais bien une expression des valeurs, des émotions et des engagements. Entre lien social et valeurs personnelles en passant par pression de la société, donner n’est pas qu’un simple geste. 
 
1. Donner pour créer du lien et tisser du social

2. Psychologie du don : émotions, bien-être et identité 

3. Le don à l’ère moderne : micro-dons, impulsivité et numérique

4. Qui donne ? Profils, inégalités et motivations

5. Don, État et société : un substitut de la solidarité publique ? 

6. Conclusion

 

1. Donner pour créer du lien et tisser du social    

Le don comme acte social et familial      

On connait papy et son enveloppe pleine de billets orange qu'il nous offre à Noël. Ou encore le virement mensuel des parents pour aider son enfant étudiant à acheter autre chose que des pâtes.  

Aujourd’hui, un transfert d’argent peut aider à entretenir la qualité des relations familiales. Sans être vénales, certaines structures familiales complexes (recomposées, monoparentales, coparentalité, etc.) ont besoin de stabilité, voire d’égalité. En 2025, 1 famille sur 4 est recomposée selon l’Insee, ce qui met le don d’argent (ou de temps !) comme un outil efficace d’équité et de cohésion. Si 57 % des parents craignent les tensions intra-familiales autour de la finance et des aides, c’est aussi que l’argent reste majoritairement tabou en France. Oui, on en a même fait un dossier. 

Pour plus d’égalité intrafamiliale, certains parents aident financièrement l’un de leurs enfants pour compenser un désavantage : études plus longues, séparation, difficultés financières, etc. Près d’un jeune sur deux déclare recevoir une aide monétaire régulière de ses parents après 18 ans. Un soutien familial qui peut peser lourd dans la balance : 3 000 euros par an et par enfant aidé en moyenne en 2024 (Insee). 

Parce qu’aider ses enfants à remplir le frigo, ce n’est pas seulement pourvoir à ses besoins primaires. C’est aussi prouver son soutien moral, c’est maintenir une proximité et éviter la distanciation géographique ou affective. Le don intergénérationnel bénéficie aux jeunes qui évoluent dans un contexte de plus en plus précarisé. Parents et grands-parents utilisent ainsi le don en soutien de transition. Résultat, 75 % des Français déclarent aider financièrement un proche au moins une fois par an. La main sur le cœur !

Le don comme transmission de valeurs et d’éducation financière   

Ah, l’argent de poche. Notre rapport à l’argent dépend généralement de celui de nos parents à ce dernier. Le don se pose ici comme un acte éducatif : montrer l’usage responsable de l’argent, la valeur de l’effort, la planification. Introduire l’éducation financière par l’expérience réelle est facile avec le système d’argent de poche. C’est un don régulier qui entraîne des discussions transparentes. À ce jour, 54 % des parents déclarent faire au moins un don éducatif par an à leur enfant. 

C’est également une mise en avant – et en pratique – des valeurs familiales : la générosité et la solidarité mais aussi la prudence et l’anticipation. Couplé à une parole sans tabou, ce système permet de transmettre des valeurs bénéfiques autour de l’argent. Expliquer le pourquoi, le comment, contextualiser.  

Donner à ses enfants sous forme de don familial, de coup de pouce ou d’épargne à leur nom est perçu comme un outil de préparation d’avenir. Mais donner à des causes liées à l’enfance, l’éducation ou la santé est aussi un acte aligné avec une identité de parent protecteur. Dans la représentation sociale, le bon parent est généralement celui qui soutient ses propres enfants, mais aussi potentiellement celui qui s’inquiète de l’enfance au sens large. 

Transmettre en donnant (patrimoine, argent, immobilier, etc.) à sa famille, c’est prendre soin d’eux tout au long de sa vie. En 2026, Klemo vous aidera davantage dans la transmission de votre patrimoine : nous lançons un partenariat avec des notaires en ligne pour faciliter les actes juridiques liés aux dons. En bonus, vous trouverez prochainement des recommandations précises sur la transmission de patrimoine dans votre application Klemo ! 

Ce n’est pas pour rien que 62 % des parents estiment ne pas parler assez d’argent avec leurs enfants : c’est un cycle qui a tendance à se répéter. De nos jours, la roue semble tourner, avec 73 % des jeunes adultes qui souhaiteraient que leurs parents leur aient davantage appris à gérer leur argent. Transmettre des valeurs humaines, this is the way.

Le don comme lien à la communauté, société et causes communes      

Le sentiment d’appartenance. Voilà quelque chose d’assez puissant pour déplacer des montagnes, ou des sommes d’argent. Donner, c’est aussi agir au-delà de sa propre sphère. C’est potentiellement transformer une anxiété sociale en action concrète. C’est participer à la cohésion sociale. C’est se sentir utile, tout simplement, comme pour 84 % des donateurs en France. Faire partie d’un mouvement collectif, c’est aussi ce qui anime 67 % des Français. 

Ce sentiment d’utilité et d’amélioration du bien-être renvoie à l’effet warm-glow, dont on reparlera juste après, mais aussi à la psychologie du bénévolat.  

Encore faut-il que nos actions et leurs effets soient concrets. Donner comme réponse aux crises, qu’elles soient sanitaires, climatiques ou internationales, répond également à un désir d’impact. Les donneurs veulent généralement voir où va concrètement leur argent, ce qui explique qu’en 2024, 70 % des 18-35 ans préféraient donner pour des causes locales ou visibles.  

Une poussée des dons ponctuels est perceptible, qui surfe sur la vague du numérique comme facilitateur d’utilisation et de création de ce lien social.

 

Le don comme marqueur de bonne citoyenneté  

Être un bon citoyen répond à des normes sociales implicites : payer ses impôts, respecter la loi... mais aussi participer à la solidarité via des dons, du bénévolat, des collectes, etc. Oui, le don est perçu comme une preuve de conscience sociale dans certains milieux. 

Pour preuve, le fait que près de 60 % des donateurs soient également bénévoles renforce l’idée du don en tant que composante d’un profil citoyen engagé, au-delà de l’argent seul. 

Le don comme moyen de réduire ses impôts 

Les dons versés aux organismes à but non lucratif vous permettent d’alléger votre facture fiscale. Oui, les dons et cotisations versés à une ou plusieurs associations ouvrent droit à une réduction d’impôt sur le revenu à hauteur de 66 % du montant versé, dans la limite de 20 % du revenu imposable. Si vous donnez 100 euros, vous aurez une réduction d’impôt de 66 euros après l’avoir déclaré. 

Cet avantage fiscal grimpe même jusqu’à 75 % si les dons sont effectués à des organismes d’aide aux personnes en difficulté ou aux victimes de violence, notamment domestiques. 75 % du montant de votre don fera l’objet d’une réduction d’impôt dans la limite de 1 000 euros par, la fraction au-dessus aura une réduction de 66 %. 

Même son de cloche pour les dons au profit de fondations reconnues d’utilité publique qui agissent pour la conservation du patrimoine avec 75 % d’allégement fiscal. 

Autrement dit, réduire ses impôts en choisissant une cause qui vous est chère est possible. Avec Klemo, vous pourrez très bientôt simuler l’impact d’un don à une association pour réduire ses impôts dans notre application pour voir réellement ce que fait votre argent. C’est rien, c’est pour nous. 

La motivation principale : conviction, proximité et empathie 

Dans toutes ces motivations, peut-on dégager une grande conviction principale qui conduirait les gens à donner ? Oui et elle porte le nom d’adhésion à la cause.  

36 % des donateurs orientent leurs dons vers des causes auxquelles ils croient particulièrement et 61 % citent la cause défendue comme critère principal pour choisir une association à qui donner. 

Viennent ensuite l’empathie et la compassion mentionnées par 24 % des donateurs parmi leurs motivations centrales. 

Ensuite, la proximité avec les personnes concernées qui joue un grand rôle, avec 15 % des sondés qui déclarent donner parce qu’ils sont sensibles à la cause ou connaissent quelqu’un directement touché par une maladie, un problème social, etc. 

Enfin, la motivation fiscale ne concerne qu’une petite minorité (6 %) de donateurs qui cherchent avant tout à réduire leurs impôts. 


2. Psychologie du don : émotions, bien-être et identité 

Le warm-glow : le don comme source de bien-être personnel 

La théorie du warm-glow giving a été développée par James Andreoni en 1989. C’est l’idée que les individus donnent avant tout pour la satisfaction personnelle ressentie. Andreoni fait ainsi la distinction entre un don “pur” motivé par l’altruisme et un don “impur” qui répond au plaisir ressenti.  

Dit comme ça, on s’insurge. Comment ? On remet en cause mon grand cœur ? Certains mécanismes émotionnels sont indéniables : les zones du cerveau associées à la récompense s’activent après avoir effectué un don. Entre dopamine et circuits motivationnels, le don déclenche des émotions positives instantanées : la satisfaction morale, l’estime de soi ou encore l’apaisement. Des faits avérés par plusieurs études en neurosciences de l’université de Zurich. Oui, le cerveau réagit bel et bien aux cadeaux que vous faites, les considérant comme une récompense pour vous-même. 82 % des donateurs affirment ainsi qu’aider les autres leur procure un sentiment immédiat de bien-être (Ifop). 

Rajoutons une couche. Les bienfaits psychologiques du don sont nombreux et prouvés : réduction du stress, sentiment de contrôle dans un monde anxiogène, amélioration de la santé mentale... Autant de promesses qu’on retrouve aussi chez les bénévoles avec 20 à 30 % de stress perçu en moins chez les personnes engagées dans des actes altruistes.  

Le coup de grâce prend la forme de l’impact fiscal. Vous le savez, effectuer des dons à une association permet de réduire son impôt sur le revenu, sous conditions. Néanmoins, 68 % des Français donnent avant tout parce que “ça fait du bien” plutôt que pour l’avantage fiscal. Oui, la motivation financière reste secondaire dans la plupart des cas. 

Avec ça en tête, on peut aisément penser au risque d’orienter ses dons vers les causes les plus émotionnelles plutôt que les plus efficaces. C’est la logique du pansement émotionnel : on donne une fois pour limiter son malaise face à une injustice et ainsi avoir le sentiment d’avoir fait sa part. Ce soulagement individuel s’oppose alors à la solution collective.

Le don pour correspondre à une image de soi 

Si vous avez du mal à vous regarder dans la glace, c’est peut-être que vous n’êtes pas à l’aise avec votre vision de vous-même. Chez certains, le don prend la forme d’un acte cohérent avec l’image de soi. “Je suis quelqu’un qui aide”. C’est la théorie de réassurance de l’identity signaling. On fait quelque chose pour être fidèle à la personne que l’on pense être. Ainsi, 74 % des donateurs affirment donner parce que cela correspond à leurs valeurs personnelles. En parallèle, 61 % déclarent que l’acte de don renforce leur sentiment d’être une bonne personne. Long story short, on se fait mousser.  

Mais c’est aussi une protection de l’estime que les autres ont de soi. Maintenir une image de personne bienveillante ou engagée est une priorité pour beaucoup, mais ce n’est pas nécessairement narcissique. C’est aussi un modèle à montrer à ses enfants, par exemple, et ainsi renforcer un héritage familial de valeurs, comme 45 % des parents (Étude Fondation de France, 2023). 

C’est peut-être triste à dire, mais les individus tendent à donner davantage lorsque leur acte est visible. Le regard des autres offre une forme de validation. Après tout, n’êtes-vous pas content(e) avec votre sticker de la Croix-Rouge ?

 

Le don en réponse à la culpabilité, la pression sociale et la reconnaissance 

En parallèle de l’image de soi, il y a le sentiment de culpabilité. Lorsqu’on a des revenus aisés, on peut facilement tomber dans le guilt giving : donner pour diminuer la culpabilité liée à son niveau de vie, ses privilèges ou l’inégalité perçue. Certaines valeurs religieuses vont également dans ce sens en incitant à donner aux plus démunis. L’idéal pour réparer un sentiment d’obligation morale. 

Mais vient aussi la pression sociale accompagnée de ses normes de générosité. Notre entourage a une influence énorme sur notre comportement. Dans le milieu professionnel ou dans un contexte social, 38 % des Français ont déjà donné pour ne pas décevoir ou paraître radins. Si on voit les autres donner, on donne, et même parfois davantage. On parle alors d’effet “descriptive norms”. Le don sous pression via des sollicitations publiques ou la pression du groupe est une réalité qui découle de la peur d’être jugé si l’on refuse. Avec les cagnottes en ligne, on peut facilement voir qui a participé au sein d’un groupe familial ou professionnel, par exemple. 

Mélangez le tout et vous obtenez un cocktail d’ambivalence émotionnelle. Entre altruisme, intérêt personnel et maintien d’une image positive, le don est constamment tiraillé entre l’envie d’aider et la pression sociale, entre l’envie de se montrer et la sincérité.  

D’un acte bénéfique et bienveillant peuvent découler des effets pervers. Des dons faits sous contrainte, un risque de ressentiment ou même une dissonance entre motivation réelle et affichée. Aujourd’hui, près d’un jeune sur deux dit ressentir une pression sociale à donner lors de collectes publiques. Si ce n’est pas votre cas, c’est que vous avez changé de trottoir.

 


3. Le don à l’ère moderne : micro-dons, impulsivité et numérique 

Les nouveaux formats : arrondi en caisse, cagnottes, dons en ligne et micro-dons 

“Voulez-vous arrondir votre ticket pour venir en aide à l’association XXX” ? On a tous déjà vu ce message sur les TPE de supermarché. Aujourd’hui, le don est totalement transformé pour répondre aux critères d’instantanéité de notre époque. La suppression des barrières traditionnelles (qui effectue encore ses dons par chèque ?) transforme un simple don en service intégré à des plateformes. Supermarchés, applications bancaires, plateformes de paiement, tout y passe. 

L’arrondi en caisse a connu un essor phénoménal depuis 15 ans. Un geste de solidarité embarqué dans un acte de consommation, qui met en avant des causes précises (généralement l’enfance, la précarité ou l’alimentation). Efficace, puisque 54 % des Français ont déjà fait un micro-don à la caisse pour un montant moyen de 0,50 € à 0,80 €. Pas de quoi mettre fin à toute la misère du monde, mais chaque centime compte. En passant, si vous pensez que les supermarchés utilisent vos dons pour défiscaliser derrière, ce n’est pas le cas ! Seuls les donateurs peuvent bénéficier d’un avantage fiscal, les supermarchés ne sont que les collecteurs. 

Autre phénomène qui a révolutionné notre manière de gérer notre argent, les cagnottes en ligne. Vous les connaissez : Leetchi, GoFundMe, Lyd... pardon, Sumeria. Extrêmement utiles pour les dons entre particuliers, elles facilitent grandement la collecte en étant partageables en ligne ou via les réseaux sociaux. Ces cagnottes entre particuliers représentent aujourd’hui près de 500 millions d’euros par an en France.  

Enfin, à l’ère de l’automatisation, il n’est pas surprenant que le mécénat se pratique en tâche de fond. Don mensuel automatisé, arrondi au paiement, etc. Ces dons en ligne ont connu une augmentation de 19 % entre 2022 et 2023 !

 

Ce que ça change dans les motivations et dans l’acte de don   

Tous ces changements et cette facilitation du don transforment la pratique même. Désormais, place à l’impulsivité. On donne une réponse immédiate à une sollicitation en mettant en avant le rôle décisif du contexte (urgence humanitaire, événement, etc.). Faire un don prend littéralement quelques secondes, il suffit de faire primer l’émotion sur la réflexion. Pour ça, les organismes demandeurs de dons mettent l’accent sur le storytelling, les images et les témoignages. Rendre humaines les causes tout en expliquant tous leurs tenants et aboutissants, voilà de quoi convaincre n’importe qui.  

65 % des dons numériques sont réalisés dans les 60 secondes suivant la sollicitation. Plus rapide qu’un scroll TikTok. Plus simple qu’un coupon à remplir. Cette simplicité, c’est un moteur essentiel pour 72 % des Français. 

Ce qu’on constate dès lors, c’est que la générosité se fait de plus en plus discrète. Exit les annonces grandiloquentes en pleine rue et les étiquettes clinquantes, place aux mails de remerciement privés. Si la société tend à l’individualisme, le don aussi, paradoxalement. On s’éloigne du don en tant que vecteur de reconnaissance sociale pour se diriger lentement vers des motivations plus personnelles. 

Aujourd’hui, on donne par impulsion positive (45 % des Français, MicroDON, 2023) sans même vérifier la destination exacte de son argent (pour 58 % des Français, Ifop). Ce qui compte, c’est que ça nous a pris une minute.

Risques associés : dilution de l’acte, baisse de l’engagement et sentiment d’impuissance   

Si les dons sont faciles, rapides et accessibles, ils sont aussi de plus en plus faibles. Qui dit multitude de supports dit multiplication de petits dons à faible charge mentale. Mais donner quelques centimes par-ci, par -là, à quoi bon ? Un geste répétitif peut faire perdre le sens de son action et faire s’élever un sentiment d’insuffisance.  

Le manque de visibilité de l’impact tient également un rôle majeur. Il est difficile de comprendre ce que 1 ou 2 € changent concrètement pour la cause qu’on soutient. Une absence de retour d’information qui peut réduire l’engagement à long terme. 37 % des Français doutent désormais de l’utilisation réelle des micro-dons (Ifop).  

Cela explique en partie pourquoi les événements en ligne, comme le ZEVENT diffusé sur Twitch, attirent autant. Chaque euro donné apparaît en ligne aux yeux de tous, faisant gonfler la cagnotte qui progresse jusqu’à atteindre l’objectif final. On participe à quelque chose, notre streamer préféré nous remercie personnellement et on a donné sur les conseils d’une personnalité qu’on apprécie. Bingo. 

Parce que l’être humain est simple : plus on est sollicité, moins on prête attention. La fatigue émotionnelle peut arriver plus vite qu’on ne le pense entre les e-mails automatisés, les pop-ups, les messages sur les TPE en caisse, les réseaux sociaux, etc. Résultat, saturation et moins de dons. La fatigue est réelle pour 48 % des donateurs (France Générosités). Que disait Nietzsche déjà ? Ah oui, “Ma joie de donner est morte à force de donner.” 

En outre, dons en ligne vont de pair avec baisse de confiance. Attention aux arnaques et aux cagnottes frauduleuses : 1 cagnotte sur 20 fait l’objet d’un signalement pour suspicion de fraude d’après la DGCCRF.

 

Contexte économique et sociétal : don et pouvoir d’achat, inégalités et priorités   

Donner reste un acte d’entraide. Malheureusement, si on trouve toujours plus à plaindre que soi, le climat économique actuel tend de moins en moins à l’altruisme. Avec l’inflation, nombreux sont les Français à devoir effectuer un arbitrage difficile entre solidarité et dépenses contraintes. Donner, ce n’est pas essentiel, c’est un plus. Le plus important, c’est de pouvoir assumer les courses. Résultat, 36 % des Français expliquent avoir réduit leurs dons en 2024 à cause de l’inflation. À lui seul, le taux d’inflation a entraîné une baisse de 9 % des dons déclarés sur l’année.  

Les priorités évoluent : donner est devenu un luxe pour 57 % des sondés. Pour 61 % des ménages modestes, le don est même la première dépense supprimée en période de tension financière. 

Ce que ça entraîne, c’est une hausse des inégalités et un sentiment de déconnexion entre ses moyens et les besoins de la société. Dans les classes moyennes supérieures, la générosité reste plus forte, et ce malgré la pression inflationniste.  

Ce n’est pas pour autant que les classes populaires renoncent à la générosité. Donner, ce n’est pas que de l’argent. Le bénévolat, le soutien moral et le temps alloué sont autant de manières d’aider son prochain tout en compensant un budget serré. 


4. Qui donne ? Profils, inégalités et motivations

Donateurs vs non-donateurs : portraits et réalités 

Les donateurs 

En France, en 2024, environ 52 % des Français ont donné au moins une fois à une association ou une fondation, tous canaux confondus. On note une stabilité du taux de donateurs malgré le contexte économique tendu. Cependant, ces dons dépendent grandement des revenus des foyers. 

Plus les revenus sont hauts, plus les Français donnent. Ainsi, 84 % des foyers à hauts revenus ont effectué un don en 2024, contre 52 % toutes classes sociales confondues. Les 10 % des foyers fiscaux les plus aisés représentent 51 % des dons montants totaux déclarés à l’administration fiscale. Que ce soit par philanthropie ou par optimisation fiscale, la concentration de la générosité financière est très forte. 

En termes de montants, les donateurs les plus généreux sont souvent âgés de plus 60 ans, aisés et diplômés : 53 % des foyers et des montants déclarés. Oui, le niveau d’éducation semble jouer un rôle, puisque 56 % des personnes avec un diplôme supérieur au Bac sont des donateurs réguliers, contre 41 % de ceux sans diplôme post-bac (Hello Asso). 

En termes de nombre de donateurs maintenant, ce sont les moins de 35 ans qui représentent la tranche de population qui donne le plus : 56 %. La plupart déclare que cette pratique est désormais normale et intégrée à leur style de vie numérique et en ligne. 

Enfin, on note qu’il y a autant d’hommes que de femmes qui affirme donner (Hello Asso). En revanche, les donateurs sont davantage issus de milieux urbains. Les zones rurales peu industrialisées, quant à elles, sont moins impliquées : 13,7 % des donateurs vivent à Paris.

Les non-donateurs 

Le premier frein : la contrainte financière. 30 % des non-donateurs citent des contraintes financières comme première raison de ne pas donner, voire de supprimer cette pratique existante en premier lieu en cas de difficultés. 

En deuxième lieu vient la méfiance ou la défiance envers les associations. Environ 20 % des sondés se disent méfiants sur l’utilisation des dons et 21 % craignent même des détournements. Manque de visibilité et de preuve d’impact, la boucle est bouclée. Résultat, la confiance dans les associations et fondations a reculé d’environ 5 points depuis le milieu des années 2010.  

En troisième point : la générosité hors associations. Comme on l’a vu précédemment, certains favorisent une générosité plus directe. 7 % des non-donateurs déclarent plutôt donner à leurs proches en difficulté qu’à des organisations. 

Inégalités et enjeux d’équité sociale

Comme on l’a vu, la générosité financière est largement corrélée au niveau de revenus. Logique. Quand on n’a pas, on ne peut pas donner. Mais plus on est aisé, plus on donne. Le don moyen annuel des 10 % des foyers les plus aisés tourne autour de 1 200 € contre 275 à 480 € pour les foyers moins aisés (Hello Asso). 

La générosité est fracturée en France. Les ménages modestes qui ont moins de capacité à donner connaissent une exclusion symbolique de ce système social. Un déséquilibre dans la reconnaissance qui s’illustre également par la forte visibilité des gros donateurs, à grands renforts de galas et de mécénats, ce qui accentue une hiérarchie implicite dans la générosité. Ainsi, les dons modestes existent aussi mais sont invisibilisés malgré leur nombre. 

En allant plus loin, on peut même parler de risque structurel pour les associations qui pourraient devenir dépendantes à une minorité de grands donateurs. Une stratégie fragile qui creuse encore plus l’écart entre les organisations elles-mêmes avec des grandes ONG qui attirent et des petites associations locales qui luttent pour survivre. 

En synthèse, à l’échelle macro, la générosité totale (toutes formes confondues) atteint plus de 9 milliards d’euros, mais reste portée par une minorité de gros donateurs. On peut dès lors se poser la question : si les plus aisés financent une part majeure du secteur caritatif, cela renforce-t-il ou corrige-t-il les inégalités existantes ? Vous avez 4 heures.  

 

5. Don, État et société : un substitut de la solidarité publique ? 

La générosité privée comme soupape sociale : quand l’État recule 

Quelques chiffres pour contextualiser, en France :  

  • En 2022, le montant total des dons, legs et mécénat aux organismes d’intérêt général a atteint 9,2 milliards d’euros. 
  • Les dons des particuliers représentent 5,4 milliards d’euros, soit 58 % de la générosité. 
  • Les dons déclarés à l’administration fiscale proviennent d’environ 5,5 millions de foyers fiscaux. 
  • Depuis 2006, le montant moyen des dons des particuliers a presque doublé, passant de 320 € à 656 € en 2022. 

Avec ces chiffres en tête, on peut comprendre que la générosité privée puisse être vue comme complément au rôle de l’État. Dans un contexte de crises économiques, d’inflation et d’augmentation des besoins sociaux, les dons privés répondent à des urgences ou des besoins que l’État ne peut pas ou plus couvrir entièrement. On note par ailleurs une hausse marquée des dons pour des organismes d’aide aux personnes en difficulté : + 61 % en 3 ans ! Le secteur associatif et caritatif est largement financé par des dons privés et joue un rôle essentiel dans l’aide sociale. C’est donc une soupape importante lorsque les besoins explosent et que les politiques publiques ne peuvent pas suivre le rythme. 

Le risque, c’est de tomber dans une forme de dépendance aux volontés individuelles : la solidarité n’est ni universelle ni garantie et varie selon les revenus, la conjoncture économique et les priorités personnelles. Sans parler de l’aspect durable. Des dons ponctuels, par exemple en période de crise, n’assurent pas un financement stable, fiable et régulier à long terme. 

Dans le modèle français, l’État reste le principal garant de la protection sociale et la générosité privée fait plutôt office de complément ponctuel ou ciblé.

Dons, conscience citoyenne et responsabilité collective 

Nous l’avons vu précédemment, le don est aussi une expression de l’engagement citoyen. Donner est un engagement concret, une manière d’intervenir et d’agir au-delà des discours. C’est un moyen accessible individuellement de contribuer à des causes collectives... mais aussi de renforcer le sentiment d’appartenance à la société civile. 

Le modèle français combine un État-providence (protection sociale et services publics) et un secteur associatif dynamique : le don privé vient compléter les lacunes ou répondre à un besoin ponctuel en cas de crises. Mais la générosité privée permet également de tester, d’innover et de répondre rapidement à des besoins spécifiques avec une flexibilité que l’État, souvent rigide, n’a pas toujours. 

Enfin, cette conscience citoyenne répond aux valeurs de solidarité, de responsabilité et d’empathie. Il peut également jouer un rôle pédagogique et social en sensibilisant les citoyens à la pauvreté, aux inégalités et à l’engagement collectif. Le don, c’est une manifestation concrète d’une conscience sociale, un acte volontaire de soutien qui vient compléter l’action publique. 

Enjeux, débats et interrogations : jusqu’où dépendre du don ?

C’est le débat philosophique et politique du jour (la philo, ça vous avait manqué ?) : peut-on s’appuyer sur la philanthropie privée pour répondre aux besoins fondamentaux de justice sociale ou cela revient-il à déléguer la solidarité à des citoyens volontaires ? 

Si le secteur privé prend le relais, y a-t-il un danger que l’État réduise ses obligations sociales ? Peut-on imaginer une baisse des dépenses publiques ou un désengagement structurel ? Alors que la solidarité publique garantit un filet de sécurité pour tous, le don privé, volontaire par nature, reste aléatoire. Peut-on réellement parier sur la générosité individuelle ? 

Non, le don est nécessaire et précieux, mais il ne saurait remplacer la solidarité institutionnelle ou structurelle de l’État. La santé, l’éducation et la protection sociale demandent un socle solide. Le système en place, sur la base d’un modèle mixte où l’État se porte garant des droits fondamentaux et où le secteur associatif complète et innove, semble être la solution. L’équilibre est nécessaire, pour qu’il tienne, il faut que les organismes associatifs et le secteur privé travaillent de concert : plus de transparence, plus de réassurance, plus de contrôle. 

 

Conclusion

Donner, c’est pour mieux recevoir. Ce n’est pas un simple geste financier, c’est un miroir de nos valeurs, de nos émotions, de nos peurs et de nos espoirs. Comprendre pourquoi on donne ou ne donne pas permet de donner mieux – pas forcément plus, mais plus juste. Transmettre sa vision de l’éducation et de la solidarité, montrer l’exemple quand on peut, voilà un fondement de la stratégie familiale de nombreux foyers. Klemo vous aide à transmettre vos valeurs en donnant à votre famille et à réduire vos impôts en donnant pour une cause juste. Notre ultime conseil, c’est de prendre le temps de réfléchir à vos motivations avant de donner : c’est un moment à vous, un instant d’introspection utile avant tout.  

 

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Information importante 

Les informations présentées dans cet article sont fournies à titre informatif et général. Elles ne constituent en aucun cas un conseil personnalisé, financier, juridique ou fiscal.
Elles ne tiennent pas compte de la situation particulière, des objectifs ou des besoins spécifiques de chaque lecteur. Les performances passées ne préjugent pas des performances futures, et tout investissement comporte des risques, y compris un risque de perte en capital.

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